La traversée entre la Polynésie francaise (Maupiti) et Samoa fut une des plus pénibles traversées qu’on ait faites. Et avec beaucoup de „première fois“.
Une météo capricieuse
La météo était très instable depuis des mois (voir articles précédant ici) mais nous devons aller vers Fiji car nous allons y laisser vela dare et revenir travailler en Suisse. C’est la première fois que nous prenons les services du „routeur“ BobMet, un néozélandais qui suit notre position AIS et nous indique ensuite en fonction de la météo quelle route/direction nous devrions prendre. Nous recevions aussi des indications météo de nos amis Christian et Karin (Merci Christian et Karin pour votre aide).
C’est la première fois qu’on fait autant de zigzag… on utilise chaque souffle de vent pour aller NO ou SO. On veut rester dans la zone „navigable“. Au nord il n’y a pas du tout de vent et au sud des énormes vagues. Et nos réserves de diesel ne nous permettent que de naviguer pendant 4-5 jours au moteur. Malheureusement chaque période sans vent est suivie par une période avec trop de vent.
C‘est la première fois que j’ai tellement le mal de mer la première nuit que je dois vomir deux fois malgré les médicaments. Et finalement on doit reprendre des tablettes contre le mal de mer le 8, 9 et 10 jour du voyage.
C‘est la première fois que l’on a navigué dans des vagues de 4 m de haut avec 25-30 nœuds de vent (et aucune envie de recommencer). Au moins on a appris à se servir de notre trinquette (petit génois).
C‘est la première fois que nous pouvons dormir les deux pendant deux nuits sans faire de quart de veille. Comme il n’y avait presque pas de vagues ni de vent, on a enlevé les voiles et éteint le moteur et on a dormi plusieurs heures. En théorie idéal, en réalité cela roule beaucoup et il y a toujours un bout (corde) qui claque quelque part.
Activités non planifiées lors de la traversée
C’est la première fois que Willi doit changer deux glissoirs de la grande voile au milieu de l’océan. Ils s’étaient cassé lors de la nuit avec les vagues de 4m. On a profité de quelques heures sans vent et avec peu de vagues pour le faire. On en cassera encore 2 plus tard…
C’est la première fois qu’on entendait ce drôle de bruit métalique. On a cherché pendant longtemps ce que cela pouvait être… Finalement on a vu que l’attache de notre ancre s’était déplacée et que celle-ci tapait à l’avant du bateau en fonction des vagues. Pas sympa de devoir aller réparer ça pendant la nuit.
C’est la première fois que je me réveille au milieu de l’océan avec le nez bouché et les yeux qui piquent. Je confirme que je ne suis pas allergique au pollen (pas de pantes au milieu de l’océan) mais bien à la poussière/acariens. Il faut donc changer et aérer les draps et coussins au maximum (et croiser les doigts pour qu’il n’y ait pas une vague qui les détrempe quand ils aèrent dans le cockpit).
C’est la première fois que je fais des paysages „loose“ à l’aquarelle. Avec le roulis, mieux vaut ne pas vouloir faire des détails trop précis… mais après des jours sans vent et donc sans presque avancer, il fallait que je me change les idées.
On mange comme des rois ou comme des mendiants
C’est la première fois pendant une traversée que je cuisine un scone au fromage et graines de tournesol, du risotto au vin et champignons ou du confit de canard au milieu de l’océan. Il faut liquider toutes les denrées alimentaires que le personnel de la biosécurité de Samoa risque de nous retirer.
A l’opposé, quand il y a les journées avec de grosses vagues, impossible de cuisiner. Là on doit se contenter d’un paquet de chips ou de tortillas au micro-ondes.
Arrivée à Samoa
Finalement on arrive après 14 jours de navigation à Apia (Samoa) vers 8h du matin. On a fait environ 1300 miles à la place des 1150 planifiés et on a utilisé 120 L de Diesel… On a envoyé un email au port de Apia 3 jours avant notre arrivée. Personne n a répondu. On essaie en vain de les contacter via la radio mais on ne recevra une réponse que à l entrée du port.
Attente à Apia
Nous sommes 4 bateaux à vouloir entrer/sortir de Samoa. « Apia Port Control » est complétement dépassé et confond les navires (un container, un bateau de pêche, un yacht de 30m et nous). On attend devant le port que le premier bateau sorte. Ensuite on attend à l’ancre dans la baie que les officiers de la santé, des douanes et de l’immigration viennent nous contrôler. Ils sont en rupture de documents, on leur confirme donc sur un bout de papier que nous sommes en bonne santé et on va directement en ville remplir les documents pour le service d’immigration. Vers 16h les bureaux ferment et on a la majorité de nos papiers. Il nous faut encore aller le lendemain au service de quarantaine. Mais les officiers sont sympa, on peut même garder nos oignons, il faut juste les consommer sur le bateau.