Cela fait quelques semaines que nous naviguons et gentiment on commence à avoir nos routines et nos habitudes sur notre voilier vela dare. Comme dans la vie sur la terre ferme, il y a des hauts et des bas… Ici donc quelques exemples des petits bonheurs et malheurs d’une navigatrice.
Dans les petits bonheurs, je compterai le plaisir d’apprendre chaque jour de nouvelles choses, de découvrir de nouveaux endroits et de vivre dehors au soleil. Nous avons eu pas mal de brouillard et des températures souvent basses mais quand un rayon de soleil apparait, le reste est oublié.
Comme je parle Français, Allemand, Anglais et un peu d’Espagnol, cela me permet de discuter avec les voisins du port. On échange les bons trucs : où aller manger, comment sont les prochains ports, qu’aller visiter, où est la prochaine laverie ou le prochain supermarché… On se console : ils ont aussi eu trop ou pas assez de vent, ils ont aussi le mal de mer, ils doivent aussi faire la vidange de l’huile, ils sont aussi à la recherche d’une pièce de rechange, etc…
Vivre à deux sur quelques mètres carrés n’est pas si pénible que ça, en fait rien ne me manque sur notre bateau si ce n’est le luxe d’une douche chaude. En effet, se laver les cheveux à l’eau froide dans la douche du port est bien pénible (surtout quand il fait 15°C). Entre femmes navigatrices à long cheveux, c’est devenu une question type lorsque l’on parle d’un port: non seulement le prix, l’accès mais aussi l’état des sanitaires…
Le rythme de vie sur un voilier au long cours est très différent de la vie sur la terre ferme. On n’a plus les obligations d’un travail fixe rémunéré donc on devrait avoir beaucoup de temps en théorie. En pratique, il y a toujours quelque chose à faire et tout prend beaucoup de temps car est inconnu ou plus compliqué que sur la terre ferme. Faire la lessive prend souvent des heures : préparer les habits, chercher une laverie, les transporter à la laverie, attendre son tour, attendre que le linge soit lavé, tester le séchoir et souvent devoir lancer plusieurs programmes avant que tout soit sec puis tout plier et ramener sur le bateau. Des fois c’est self-service, des fois on doit donner son linge avec le risque qu’ils oublient nos indications (ne pas mettre le sac blanc au séchoir) et comme moi, de se retrouver avec tous ses sous-vêtements rétrécis…
On passe aussi beaucoup de temps à faire des réparations où des améliorations sur le bateau : nous devons encore tester/améliorer du matériel que nous avons installé cet hiver. Et comme le vent et les vagues sont bien plus importants que sur le lac, on a fait pas mal de changements au niveau des cordages et aussi pour utiliser notre nouveau tangon. De plus, c’est la loi de Murphy, il manque toujours quelque chose, malgré les kilos de matériel de rechange que nous avons sur le bateau. Nous avons passé des heures à chercher des estagnons pour le gasoil. Après avoir fait x magasins de bricolage, magasins spécialisés en matériel nautique et stations essence, on nous a dit de voir dans un magasin qui vent des boîtes en plastique et là on a trouvé nos estagnons !
Il y a du matériel récalcitrant, qui ne veut simplement pas faire ce qu’il devrait : notre cuisinière par exemple. On l’a déjà démontée 5 fois, chaque fois elle fuit à un autre endroit et la dernière fois la pompe s’est dévissée… Soit elle lance des flammes, soit elle s’éteint toute seule… Notre téléphone Iridium : pour commencer la carte soit disant non valide, puis il nous manquait notre numéro, puis des heures pour faire fonctionner le programme météo et finalement on n’arrive toujours pas à envoyer des SMS avec… Malheureusement notre boitier pour le WILAN est aussi cassé. Une fausse manipulation au niveau électronique, puis la platine cassée lors du démontage de l’appareil. Bien sûr, il y a que un seul fournisseur pour ce genre de matériel très spécifique, on a recommandé la fameuse platine mais cela fait un gros trou au porte-monnaie (caisse de bord) et on attend que mes parents nous amène la fameuse pièce quand ils viendront nous rendre visite (et on cherche des cafés où il y a le WILAN pour communiquer en attendant)… Bon, ce n’est pas du matériel indispensable pour la navigation mais c’est quand même bien agréable quand ça fonctionne. En allemand on appelle cela « Lehrgeld »…
Dans les malheurs plus importants, il y a le vol de matériel: on a volé les vélos d’un couple d’amis et un autre a constaté le vol de leur moteur d’annexe. Il y a d’un côté les trous dans la caisse de bord mais aussi le temps passé à essayer de remplacer ce matériel. Je croise les doigts pour que cela ne nous arrive pas.
Les vraiment mauvaises nouvelles viennent malheureusement de nos familles et de leur problèmes de santé. On voit là vraiment la chance que nous avons d’être en bonne santé et de pouvoir profiter de notre aventure à 100%.
On pourrait penser que l’on ne bouge pas beaucoup sur un voilier. C’est vrai que vela dare mesure seulement 11.5 m de long. Mais on fait des km de marche : les ports sont souvent à l’extérieur donc on marche jusqu’au centre-ville pour aller faire les courses, pour aller boire un verre, pour aller prendre le bus pour aller faire une visite, pour aller prendre sa douche aux sanitaires du port…Et il faut grimper sur le bateau, s’accrocher aux cordages, redescendre du bateau, sauter sur le ponton etc. Willi a perdu plus de 8 kg depuis que nous avons quitté Olten.
Et quand on navigue, on ne sait jamais comment sera la journée, même si on a consulté plusieurs programmes météo auparavant. Du brouillard, des vagues, le mal de mer ou bien aura-t-on la joie de voir des tortues et des dauphins sous le soleil avec une bonne brise?