Déjà une semaine que les mesures de confinement sont en place en Equateur. Ici un petit résumé de comment nous vivons la situation à bord de notre voilier vela dare.

La marina de Puerto Amistad, notre lieu de confinement en Equateur

Nous sommes en confinement en Equateur, à Puerto Amistad qui est la marina de Bahia de Caraquez sur la côte Pacifique. Notre voilier vela dare est placé entre deux bouées, à environ 100 mètres du rivage. Nous sommes dans le delta d’une rivière et sentons le changement de la marée de la mer, mais sinon nous n’avons pas de houle. Il y a presque toujours une petite brise qui rend la température agréable et il n’y a presque pas de moustiques. L’eau transporte beaucoup de sédiments et branches et nous n’avons pas envie de nous baigner dans cette eau ni de boucher nos filtres en l’utilisant dans notre désalinateur (voir aussi le dernier article sur le blog).

Nous pouvons aller aux sanitaires de la marina en prenant le dinghy, le restaurant de la marina est par contre fermé. Il y a un seul autre bateau habité à côté de nous ou vit une canadienne avec son chien. Sinon il y a encore 5 bateaux inoccupés dans les alentours. A la marina même il n’y a actuellement qu’un marinero la journée et un garde de nuit qui fait le tour des bateaux toutes les demi-heures.  

Les chiffres actuels du coronavirus en Equateur

Le 24 mars 2020 il y a 1049 cas de covid-19 décelés en Equateur, la majorité (807 cas) dans le canton de Guayas (avec la ville principale de Guayaquil) et 27 morts.

Confinement et couvre-feu en Equateur

Depuis mardi 17 mars, 6h, les frontières sont fermées et les déplacements interdits, sauf pour les cas de première nécessité. Nous n’avons plus vu de bus depuis mercredi 18 mars. Certains jours les voitures (y compris taxis) avec les plaques qui finissent par un chiffre pair peuvent circuler et d’autres jours les voitures avec les chiffres impairs. Seuls les supermarchés, les pharmacies, les stations essences et certaines banques sont ouverts. Et de manière générale, les gens s’y tiennent ou les autorités font qu’ils s’y tiennent. On ne voit pas d’enfants dans les rues, ni de gens qui promènent leur chien, ni de gens sur la plage. J’ai lu qu’il y avait plus de 500 personnes qui étaient en prison car elles n’avaient pas respecté les mesures.

Il y a actuellement un couvre-feu de 19h à 5h du matin. Dans 3 villes (dont Guayaquil) il est même de 16h à 5h. A partir de demain mercredi 25 mars, le couvre-feu sera à partir de 14h déjà dans tout le pays.

Peur ou panique?

Je suis une page facebook concernant la situation dans la région de Bahia de Caraquez « Novi Bahia » et là il y a des publications qui dénoncent les regroupements dans les rues et même des vidéos de gens qui ne respectent pas le couvre-feu. De même il y a des appels à l’aide de la population de certains quartiers qui manquent de vivres, de masque et même d’eau.

Je viens de lire dans un quotidien online que certaines rues ont été bloquées par les paysans qui ont peur que de nouveaux cas soient importés par des voyageurs. De même en début de semaine la piste de l’aéeroport de Guayaquil avait été bloquée car ils ne voulaient pas qu’un avion, qui devait rapatrier des gens, atterrisse.

Les récits dans les journaux montrent que les gens ont peur, mais au quotidien pour nous nous n’avons pas eu de problèmes et tout se déroule de manière calme et réglée.

Nourriture

Comme il y a de plus en plus de cas de coronavirus dans le « canton de Manabi » où nous sommes, les mesures deviennent plus sévères chaques jours. Les pompiers aspergent de désinfectant les voitures et il y a des queues devant certains magasins d’alimentation.

Il y a des voitures avec des haut-parleurs qui indiquent les mesures de sécurité à prendre. Malheureusement je ne comprends pas tout (c’est en espagnol et avec le vent, les paroles sont déformées). Le marinero nous avait avertis dimanche, que les magasins fermeraient à partir de lundi 22 mars à midi. Nous avons donc été faire des courses pour acheter des produits frais. Je n’ai pas pu entrer dans le marché des fruits et légumes car je ne portais pas de masque. Mais j’ai trouvé des fruits et légumes dans d’autres petits magasins. Willi pendant ce temps est allé au supermarché. Là il y avait toujours les mesures classiques de spray désinfectant pour les mains et de nettoyage des poignées des chariots. Mais maintenant il n’y a plus qu’une porte d’ouverte et deux personnes masquées pour contrôler les arrivants. Par contre, presque tout était à disposition, papier WC et désinfectant compris, et les gens étaient très calmes.

Ce matin (mardi 24 mars 2020) il n’y a que très peu de voitures sur les routes mais le petit magasin d’alimentation en face de la marina semble ouvert. J’ai lu dans les journaux online que seulement 30 personnes étaient acceptées dans le marché et qu’il y avait aussi une réglementation avec les numéros des cartes d’identité, les numéros pairs étant acceptés certains jours et les autres les numéros impairs. Je me demande comment ils vont faire avec nos papiers d’identité… Mais pour l’instant nous avons plein de produits longue conservation à bord et des fruits et légumes pour une dizaine de jours.

Pénurie d’eau

Déjà mardi passé le propriétaire de la marina nous avait averti que les camions citernes qui normalement livrent la marina n’étaient pas venus. Nous avions donc commandé 200 litres d’eau en estagnons de 20 L que nous avions transvasé dans notre réservoir. Nous avons aussi récupéré un peu d’eau de pluie pour faire un petit peu de lessive à la main. Mais une semaine après, notre stock avait bien diminué. Nous avons donc été chercher de l’eau dans nos estagnons en dinghy à la marina. Ce n’est pas la manière que je préfère car il faut hisser les estagnons de 20 litres du dinghy au bateau… mais on ne va pas se plaindre car on a de l’eau.

Sur le site « novi bahia », on voit des photos de certains quartiers de la ville où ils n’ont plus d’eau du tout. Et une des mesures de base de prévention du cov-19 est de se laver les mains… Et lors de la queue pour aller chercher de l’eau, les distances n’étaient pas respectées non-plus.

Nos occupations sur le bateau pendant le confinement

En fait, nous avons l’habitude de rester longtemps sur le bateau, mais de savoir que l’on ne doit pas sortir nous embête… On respecte les consignes de confinement en Equateur et on ne sort que pour aller faire des achats de nourriture. Il est difficile de se motiver à faire des réparations et de l’entretien sur le bateau quand on n’a pas le but de partir avec le bateau et que l’on ne sait pas combien de temps on va être coincé ici. En effet les dernières nouvelles de la Polynésie Française (qui étaient la prochaine étape prévue) ne sont pas bonnes : tous les nouveaux arrivants doivent laisser leur bateau sur place et se faire rapatrier.

Willi bricole pour trouver pourquoi la radio SSB ne fonctionne pas. Il a aussi transvasé le diesel des estagnons au réservoir afin d’avoir de la place pour aller chercher du matériel tout au fond de la cale. Il faut en effet remonter les poulies de notre ARIES (une espèce de pilote « automatique » qui fonctionne avec le vent) car les cordes raclent contre les poulies et s’abiment. On voulait faire faire une pièce par un soudeur, mais avec les restrictions, il va falloir trouver une autre alternative avec le matériel à bord. J’ai fait de l’ordre dans nos armoires à nourriture et refait le stock de savon maison liquide pour les mains. J’essaie aussi de faire un petit peu de yoga, ce qui n’est pas très facile vu le peu de place dans le bateau. Sinon on passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. On a la chance d’avoir une connection WIFI acceptable sur le bateau (le matin, l’après-midi tout est super lent).

Et la suite ?

C’est la grande question sans réponse. Les nouvelles changent tous les jours mais nous avons la chance de ne pas devoir quitter le pays comme c’est le cas pour certains navigateurs en Polynésie Française. Comme nous sommes que très peu de voiliers en Equateur (je pense une dizaine de voiliers habités), je pense que les autorités nous ont oubliés… On verra dans quelques semaines quelle est la situation et si nous allons aller vers la Polynésie ou pas. Nous ne savons pas non plus si nous trouverons une place pour laisser le voilier pendant la prochaine saison des ouragans en Polynésie. De même nous ne savons pas s’il y aura pénurie de vivres et d’eau dans les îles. En Equateur il n’y a pas d’ouragan donc au pire on pourrait laisser le bateau ici et revenir travailler en Suisse et partir seulement la saison prochaine. Par contre, les algues et les coquillages poussent très vite sur la coque car l’eau est saumâtre. De même les sorties d’eau se bouchent et il faut les déboucher régulièrement… Mais il nous reste encore quelques mois pour décider.

En résumé nous allons bien et n’avons pas vraiment de quoi nous plaindre. Nos familles et amis semble en bonne santé aussi selon les dernières nouvelles. On vous souhaite à tous une bonne continuation et restez en bonne santé. Laissez-nous un petit message afin que nous ayions aussi de vos nouvelles..

Vous trouvez plus de photos sur nos comptes Instagram et Facebook ainsi que sur le côté de la première page du blog (ici). Nous nous réjouissons aussi de votre soutien, que ce soit par des commentaires, lorsque vous partagez le lien de notre blog ou si vous nous offrez un (ou plusieurs) cafés et bières via le bouton Paypal qui se trouve sur le côté du blog (ou sous le lien suivant: ici) .