Nous avons quitté les Bahamas pour aller en Jamaïque, à Port Antonio.
Nous avions un grand pincement au cœur de quitter les Bahamas, surtout que le dernier soir à Acklins nous avons eu un magnifique coucher de soleil et une eau calme, sans vagues… Mais l’île de la Jamaïque est magnifique.
Entre Acklins et Port Antonio
Il nous a fallu 3 jours pour faire le trajet entre Acklins (Bahamas) et Port Antonio (Jamaique). Nous sommes partis au moteur avec juste 5 nœuds de vent. Nous avons eu un peu toutes les conditions pour naviguer : entre 5 et 28 nœuds de vent et des vagues de 2 mètres dans tous les sens. En chemin nous avons dû démonter la pompe du réservoir des WC avec 15 nœuds de vent et des vagues de plus d’un mètre. Il semble que mes cheveux longs bloquent la pompe… C’est une des occasions où j’ai juste envie de couper mes cheveux très courts ! Willi, lui, a trouvé que c’était un bon exercice pour les travaux que nous devrons faire lors de la traversée du Pacifique.
La marina de Port Antonio
Après 3 mois au mouillage, on s’offre le luxe d’une marina (environ 40 chf/jour). C’est un plaisir de prendre une longue douche chaude et de pouvoir mettre une robe pour sortir sans risque qu’elle soit toute mouillée dans le dinghy!
Le personnel de la marina s’occupe aussi de faire venir à bord les autorités : il faut du temps car on a remplis les questionnaires de 5 autorités différentes (coast guard, quarantaine, immigration, custom et police) mais ils ont tous le sourire et le tout est gratuit. On a aussi souri quand les policiers nous ont décrit les choses à visiter dans la région, indiqué les bons restaurants et bars et donné leur adresse email car ils organisent des excursions pour les touristes.
Nous sommes 5-6 bateaux dans la marina de Port Antonio, dont un autre bateau suisse. Devant la marina, il y a un portail qui se ferme avec une carte électronique devant le ponton principal mais sinon on est juste à quelques mètres de la berge. Et là, c’est une jolie promenade avec un chemin, des pavillons, des fleurs et des arbres et donc aussi beaucoup de personnes indigènes qui viennent s’y promener, se reposer sous les arbres et regarder les bateaux étrangers.
Dans les rues de Port Antonio
Port Antonio est une petite ville où tout peut se faire à pied et on est loin des centres touristiques de Kingston et de Montego Bay.
Quand nous nous promenons en ville, nous nous faisons souvent accoster (Love and respect, man) et ils nous demandent d’où nous sommes et combien de temps nous restons à la marina. Certains peuvent même dire sur quel bateau on est! Il y a bien entendu des fumeurs de pétards et des vendeurs qui cherchent à nous vendre du café, des souvenirs ou des tours, mais avec un grand sourire et un « maybe later » on s’en débarrasse vite.
Dans les rues, il y a beaucoup de gens sans emplois et qui se réjouissent de venir discuter avec nous. De temps en temps quelqu’un nous accoste avec quelques mots d’allemand et nous indique tout fier qu’il a de la famille en Allemagne. Nous avons eu une discussion intéressante avec un chômeur sur le manque de système social du pays et sur l’éducation. Ceci nous a aussi ouvert les yeux sur la situation réelle du pays derrière les belles plages et les blues Mountains. On s’est souvent fait dire que la Jamaique est dangereuse et qu’il y a beaucoup de criminalité, mais nous nous sommes sentis en sécurité ici à Port Antonio et nous avons eu de bons contacts avec les gens.
Shopping à Port Antonio
Le vendredi matin nous sommes allés au marché pour faire le plein de fruits et légumes. Le jeudi soir tous les paysans apportent leur récolte en ville. Les marchands nous proposent le même prix qu’aux indigènes et on fait toujours un peu de smalltalk. Si on achète beaucoup on peut avoir un petit rabais ou une petite mangue en plus. On a payé par exemple environ 1.20 chf pour 500g d’ananas et 2.5 chf pour 500g de poivrons. Mais il n’y a pas beaucoup de marge pour marchander et les prix sont plus ou moins partout pareils sur le marché le vendredi. Plus on est tard dans la semaine, plus les prix sont chers et moins il y a de choix…
Au marché il y a une halle pour la viande et le poisson, très propre et sans mouches mais il y a plus de pieds de porcs que de steaks. Dans les supermarchés il n’y a généralement qu’un frigo qui est utilisé pour les boissons. On ne trouve que très rarement des produits laitiers. Sinon il y a plein de petites boutiques qui vendent des habits, des produits ménagers chinois, des cosmétiques mais pas de matériel pour le bateau. Si on a besoin de quelque chose pour bateau, il faut aller à Kingston.
Blue Mountains et Bob Marley
Nous avons fait une excursion avec nos voisins du bateau Pinut qui sont aussi Suisses. Comme ils sont 8 (6 enfants) nous sommes partis en mini bus avec le guide Michael en direction des Blue Mountains (280 US dollars la journée après marchandage).
Les montagnes sont escarpées (plus de 1200m) et les routes en plus ou moins bon état. La végétation est abondante, en plaine des bananes et du coton, dans les hauteurs du café, encore des bananes et des légumes. En chemin on s’est arrêté pour voir les plants de café et dans un endroit où ils torréfient le café sur un feu de bois. Dans les montagnes tout se récolte à la main et le séchage et la torréfaction est artisanale. Le café des Blue Mountains est très reconnu et cher, il est exporté aux USA et au Japon où il couterait 15 dollars la tasse. Ici on a payé environ 15 chf pour 500g après marchandage.
Comme nous étions tôt après la visite de la production de café, nous avons payé un extra à notre chauffeur afin de continuer jusqu’à Kingston. Nous sommes ainsi allés au musée de Bob Marley. C’est l’attraction de Kingston et le prix d’entrée est cher : 25 dollars par personne ! Impossible pour les indigènes de payer ceci car le salaire minimal est d’environ 70 chf/semaine et il y a beaucoup de gens au chômage et sans abris… Notre chauffeur a choisi les bons quartiers de la ville et nous n’avons pas vu la pauvreté mais plutôt les belles villas et les voitures de luxe de Kingston.
Et le reggae de Bob Marley n’est plus à la mode. On a droit chaque soir à de la musique moderne très forte à la marina, et on préférerait de loin Bob Marley, nous…
Préparations pour la traversée vers Panama
Nous profitons de ces quelques jours dans le port pour faire la vidange d’huile du moteur et du saildrive. On a aussi descendu la drisse de génois afin de contrôler qu’elle ne soit pas trop râpée. On peut voir une petite marque sur la protection que nous avions installée et nous avons envoyé des photos au constructeur du mat (Hans Georg Gross) afin qu’il nous conseille. On devrait recevoir du matériel à Panama et on espère ne pas devoir faire descendre le mat.
Et comme il y a de l’eau douce on en profite pour nettoyer le bateau et le débarrasser de sa couche de sel et pour faire de la lessive.
Le réseau wifi est très lent, mais il nous permet quand même de lire quelques blogs afin d’avoir une idée de la situation actuelle dans les îles San Blas et sur la traversée du canal de Panama.